
Changement climatique, hausse du niveau de la mer, érosion de nos côtes, autant d’éléments abondamment évoqués dans nos médias jusqu’à créer une certaine psychose chez nos concitoyens vivant à proximité de nos côtes.
L’association
Foresee proposait un débat sur ces problématiques concentrées sur le secteur côtier sableux manchois et calvadosien.
Trait de côte : de quoi parle-t-on ?
Le
trait de côte est une ligne qui marque la limite la plus extrême jusqu'à laquelle peuvent parvenir les eaux marines.
Celui-ci varie d’un segment littoral à l’autre, dans le temps et dans l’espace.
Il est soumis à des phénomènes de recul (érosion) et dans certains cas à une progression (accrétion) amplifiés par la sévérité des évènements climatiques (tempêtes, hauteur des vagues…).
Cette mobilité pose en particulier problème lorsque des enjeux- humains ou non- sont situés dans les zones en érosion.
La France s’est dotée en 2012 d’une
stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte afin de favoriser la mise en place de stratégies locales pour adapter les territoires aux évolutions de ce littoral.
De grandes disparités
Franck Levoy, au sein du Centre de recherches en environnement côtier de Luc-sur-Mer
(CREC) scrute l’évolution du littoral normand depuis plus de 30 ans.
« A l’instar de l’exemple hollandais, c’est grâce à l’implantation régulière de poteaux que sera d’abord suivi ce trait de côte » précise t’il
L’arrivée du
LIDAR aéroporté, télédétection par laser, va révolutionner ce petit monde, l’utilisation récente des drones en démocratisant l’utilisation.
«On constate une très grande variabilité des évolutions sur nos côte sableuses normandes, jusqu’à 100 m d’érosion sur celles manchoise » ajoute-t-il.

La situation est moins critique sur les côtes du calvados
« …. L’érosion n’en concerne qu’un quart ….. » Ce qui est d’ailleurs la moyenne nationale.
Cette accrétion est parfois créée par l’homme en modifiant les courants.
Le plus emblématique en est le Mont saint Michel, mais aussi Ouistreham et Deauville.
C’est le cas aussi d’Hermanville dont le maire
Jacques Lelandais regrette de ne pouvoir retirer le sable qui s’accumule sur sa plage et au-delà.
Un aménagement côtier contraint
Maître de conference en droit public à l’université de Caen,
Vincent Legrand a stigmatisé l’impact de la législation en vigueur sur l’urbanisation côtière.
« La Loi littoral votée en 1986 est toujours applicable restant prééminente sur tout PLU » rappelle t’il
« la loi ELAN de 2018 est venue adapter quelque peu cette loi qui datait »
L’urbanisation de ces zones côtières n’en reste pas moins problématique se devant d’anticiper la montée des eaux tout en respectant l’intérêt des propriétaires voire de la collectivité.
« Nous sommes confrontés en permanence à ce dilemme » a conclu
Jacques Lelandais.06/12/2019